Biographie de Léonce Fougeron dans Progrès de la Somme 1885

Un article du Progrès de la Somme du 17 Octobre 1885 comporte une belle et instructive biographie de Léonce Fougeron.

Extrait

M. FOUGERON
M. L. Fougeron est né à Orléans, le 22 décembre 1837, mais il appartient à notre département par sa famille, par ses intérêts et par son existence même qui s’est passée tout entière au milieu de nous. Son grand-père, M. Coulon, occupait une place importante dans le monde commerçant d’Amiens ; il était à la tête d’une maison considérable de commerce de laines.
Après avoir terminé ses études au lycée Henri IV, à Paris, M. Fougeron se fit recevoir à Grignon où, de 1854 à 1856, il se familiarisa bien vite avec la science agricole, beaucoup trop négligée à cette époque, comme elle l’est encore aujourd’hui, et vers laquelle, dès l’enfance, l’avaient poussé son tempérament, ses préférences et une véritable vocation.
Il ne tarda pas à mettre en pratique les théories qu’il avait étudiées à Grignon  et choisit, pour les appliquer, sa propriété da Breilly, l’une des plus considérables et des mieux aménagées de toute la région du Nord. Il lui fit subir une transformation radicale ; il créa de toutes pièces un grand établissement agricole et y engagea une partie importante de sa fortune.
Il y a trente ans de cela, et, pendant cette longue période qui a réservé des moments parfois bien difficiles aux cultivateurs, M. Fougeron est resté constamment sur la brèche, luttant avec une indomptable énergie et défendant le terrain pied à pied.
Il cultive aujourd’hui personnellement près de quatre cents hectares ; il possède 350 bêtes à cornes, de trait, à laine et d’engraissement. Il ne s’est pas contenté d’affecter à cette industrie agricole des herbages considérables qu’il a créé avec un plein succès : novateur judicieux et décidé, il a aussi introduit dans notre contrée l’engraissement par la drèche de grains.
Le premier, il a mis en pratique le système préconisé par M. Jarmetel, qui a proposé un projet de loi, en faveur de l’agriculture pour protéger et développer la distillerie des grains. Cet exemple a trouvé de nombreux imitateurs ; la plupart de nos cultivateurs emploient aujourd’hui la drèche avec grand profit pour la nourriture des bestiaux et par conséquent pour l’augmentation des fumures. Tout l’honneur de cette transformation revient à M. Fougeron qui n’a pas hésité un seul instant à engager l’agriculture dans la voie du progrès et à prêcher par l’exemple.
M. Fougeron ne s’est pas occupé seulement de culture ; l’industrie chevaline, si importante aujourd’hui dans notre département, n’a pas eu de champion plus résolu et plus déterminé. Il a fondé un haras qui est devenu un des plus importants de France ; ce haras ne comptait pas moins de cinquante étalons et remplaçait l’ancien dépôt d’Abbeville dont il a fait le service pour les départements de la Somme, du Pas-de-Calais, de la Seine-Inférieure et du Nord. Dans tous ces départements, le haras de Breilly, avait des stations aux époques de la saillie.
Comme on le voit par ce résumé rapide, M. Fougeron n’est pas un agriculteur en chambre ; il a toujours largement payé de sa personne; c’est un homme d’action ; il connaît, pour les avoir partagées et subies, les souffrances des cultivateurs ; nul plus que lui n’aura qualité pour porter à la tribune les légitimes revendications de l’agriculture et parler avec l’énergie et la compétence qui sont indispensables.
Nommé conseiller d’arrondissement en 1870, M. Fougeron a occupé ce poste jusqu’en 1880, où la confiance des électeurs l’a appelé au poste de conseiller général. On sait le tôle que M. Fougeron a joué depuis ce temps dans notre assemblée départementale, en qualité de défenseur des intérêts agricoles.
C’est là que ses collègues sont allés le chercher pour lui imposer en quelque sorte la candidature législative.
Des ennemis prétendent que M. Fougeron serait un inconnu. Il ne l’est du moins pas pour le ministre du commerce et de l’agriculture qui, en 1881, a décoré M. Fougeron de la Légion d’honneur, à cause des éminents services rendue par lui à la culture et à l’élevage.
Il ne l’est pas davantage pour les Comices agricoles de notre département qui, à plusieurs reprises, à Péronne comme à Abbeville, à Doullens comme à Montdidier, ont couvert d’applaudissements tes philippiques pleines d’ardeur et de conviction en faveur de l’agriculture nationale, menacée par la concurrence étrangère.
Enfin, il n’est pas un inconnu pour nos populations rurales, qui savent que M. Fougeron sera pour elles un porte-paroles autrement actif, autrement autorisé, autrement capable d’avoir l’oreille du gouvernement, que les candidats réactionnaires qui dissimulent vainement leurs visées révolutionnaires sous le masque d’un faux amour pour le bien du pays.

Progrès de la Somme – 17 Octobre 1885 – sur retronews.fr

analyse

Cet extrait nous renseigne sur:

  • les études de Léonce Fougeron : Henri IV et Grignon de 1854 à 1856
  • le haras de Breilly de 50 étalons
  • ferme de 400 hectares et 350 bétails
  • date approximative de construction de la ferme (30 ans avant la parution de l’article en 1885, soit 1855)