Distillerie de betterave

Plusieurs sources mentionnent l’existence d’une distillerie de betterave à la ferme. En vogue dans la deuxième moitié du XIXème siècle, ces distilleries étaient un complément de revenu avec la vente de l’alcool, mais était surtout intéressant pour l’alimentation des bêtes grâces aux résidus du procédé de distillation.

Une distillerie à Breilly

La première mention a été trouvé dans les registres du cadastre. On note la construction d’une distillerie en 1860 (imposable en 1863). Mais cette distillerie est « sorti » du registre dès 1873 avec la qualification de « démoli ». On n’en sait pas plus sur la signification de démoli.

La distillerie est également mentionnée dans:

  • Un passage consacré à Breilly dans « Voyage agricole dans le Nord et le Centre de la France » du comte Conrad de Courcy, de 1867,
  • L’inventaire de 1874 fait mention d’une distillerie qui avait été construite par Léonce Fougeron,
  • L’inventaire de 1884 fait mention d’une « distillerie » et de « matériel de distillerie » que Léonce Fougeron apporte à son mariage en 1867, puis de l' »ancienne distillerie » devenue un « cellier en face de la maison », des « magasins de la distillerie »,
  • Une biographie de Léonce Fougeron dans le Progrès de la Somme en 1885).

D’autres indices peuvent être liées à l’existence de cette distillerie. Premièrement, les grandes fosses qui se trouvent encore aujourd’hui dans la grande pâture à proximité immédiate de la ferme. Une des deux grandes fosses est visible sur le plan parcellaire de 1897(1)voir la page présentant le plan parcellaire des propriété de Courrier de Méré.

distillerie et fosse

1- fosse à betterave 2- emplacement probable de la distillerie

Après les lourdes destructions pendant les combats de la deuxième guerre mondiale en Juin 1940, les propriétaires ont monté un dossier pour récupérer des compensation pour dommages de guerre. Dans ce dossier, on retrouve des plans d’architectes représentant les bâtiments tels qu’ils étaient avant la guerre(2)voir la page consacrée aux dommages de guerre. Parmi ces plans, on retrouve des bâtiments à l’architecture particulière, qui rappelle les bâtiments servant de distillerie ailleurs en France et datant de la même époque (voir plus bas): Cependant, ce bâtiment avait un usage différent dans la première moitié du XIXème siècle.

possible ancienne distillerie

Exemple de distillerie de la même époque

Les passage suivants sont tirés de l’étude de la région Poitou-Charente sur les distilleries de betterave: Elles sont très intéressantes, car on y voit la ressemblance dans l’architecture des bâtiments servant de distillerie à la même époque (autour de 1860) et présente les grandes étapes du processus de distillation.

Architecture

Quelle que soit la dimension de l’usine, la présence de colonnes à distiller conditionne la forme architecturale, dans la mesure où elle nécessite une hauteur assez importante sous charpente ; le bâtiment possède donc systématiquement une partie surélevée, souvent située en son centre, qui abrite l’atelier de distillation.
Cet élément vertical, ainsi qu’une façade ordonnancée, constituent les caractéristiques architecturales majeures de ces usines.

Schéma de fonctionnement

source: http://dossiers.inventaire.poitou-charentes.fr/le-patrimoine-industriel/5schemas/5schemas_distilleriesbetterave.html

Une distillerie d’alcool de betterave dans les années 1860 :


Schéma d’une distillerie d’alcool de betterave, dans les années 1860 © Service régional de l’inventaire de Poitou-Charentes / Zoé Lambert, 2007

1 : Dans le local de réception, les betteraves sont lavées dans un laveur (a), puis transportées par élévateur vers le coupe-racines.

2 : Dans la cuverie, les betteraves sont coupées dans le coupe-racines (a). Les cossettes ainsi obtenues sont mises à macérer dans des cuves de macération (b) et le jus qui en résulte fermente ensuite dans des cuves ©. Lors de cette fermentation, le sucre contenu dans le jus se transforme en alcool.

3 : Dans l’atelier de distillation se trouve la machine à vapeur (a) qui entraîne les divers mécanismes de l’usine. La distillation des jus, auparavant réchauffés dans un chauffe-vin (b), s’opère dans une colonne à distiller © ; le flegme obtenu après la distillation est recueilli dans un bac approprié (d), puis rendu plus pur dans une colonne à rectifier (e). Un régulateur (f) permet de contrôler la pression dans les divers appareils.

4 : Dans le dépotoir sont stockées, dans deux bacs, les deux qualités d’alcool produit : celui à bon goût (a) et celui à mauvais goût (b).

5 : La chaufferie renferme les deux chaudières ou générateurs, qui fournissent la vapeur nécessaire à la machine à vapeur et aux appareils de distillation.

Notes   [ + ]

1. voir la page présentant le plan parcellaire des propriété de Courrier de Méré
2. voir la page consacrée aux dommages de guerre